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Réunion publique sur les ressources en eau dans la région des abers (24 01 2004)

Intervenants : Gérard Auffret – Association « Vivre demain à Saint Pabu » Pierre Adam – Président du syndicat de l’eau du Bas Léon Mr Talbot – Hydrogéologue à la retraite Alain Artur – MISE 29 (Mission Inter services sur l’Eau)

Synthèse de la réunion :

Intervention de Gérard Auffret Dans le but de procéder à un état des lieux, l’association « Vivre à Saint Pabu » a réalisé auprès de la DDASS, des mairies et du Syndicat de l’eau du Bas Léon, une enquête sur les 13 communes de la CCPA concernées par l’adduction d’eau de l’usine de Kernilis. Présentation des faits marquants : En 2002, 2.300.000 m3 d’eau ont été délivrés, dont 56% par l’usine de Kernilis.

Etat des lieux des captages :

  • Captages protégés : Plabennec et Bourg Blanc
  • Procédures de protection en cours : Plouvien, Landéda, St Pabu
  • Reprise de procédure en cours : Plouvien et Plouguin autres communes : captages non protégés (Lannilis et
  • Plouguerneau ont une recherche de forage en cours)

Intervention de Pierre Adam :

L’usine de Kernilis a vu le jour en 1976, dans un contexte qui faisait suite à une pénurie d’eau potable dans certaines communes littorales. Il s’agissait, à l’époque, de fournir une eau venant en appoint de celle des communes concernées, lorsque cette dernière serait insuffisante. La pollution de la ressource, grandissante depuis cette époque, a incité de plus en plus de communes à venir se connecter sur Kernilis plutôt que de mettre en œuvre une protection de captage. La ressource en eau provenant de l’usine de Kernilis est limitée : autorisation de prélèvement de 12.000 m3/jour, soit 4.300.000 m3 par an. Les prélèvements provenant des eaux de surface de l’Aber Wrac’h., il est impératif de laisser s’écouler les 13.000 m3 /jour restants, sous peine de menacer les équilibres de la rivière. L’eau prélevée est dénitratée. 51 communes sont connectées à l’usine. Cela concerne 36000 abonnés, soit 104.000 habitants. Les besoins en eau des 51 communes sont, l’été, de 17.000 à 18000 m3. Dans la mesure où le prélèvement est limité, le syndicat du Bas Léon propose aux communes adhérentes de les aider à mettre en œuvre leur protection de captage(s). Il s’agit d’une maîtrise d’ouvrage déléguée par les communes. Pierre Adam présente le raccordement de l’usine à celle de Pont ar Bled par un souci de sécurité alimentaire : si la qualité de l’eau de Kernilis est menacée, il est toujours possible de basculer sur Pont ar Bled (10.000 m3/jour max).

Intervention de Mr Talbot :

Il n’y a pas de problème de quantité d’eau mais de qualité dans les bassins versants de la région des abers. Quelques éléments pour mieux connaître l’environnement hydro-géologique de notre région :

  • Roches très anciennes
  • 450 mm/an en moyenne, soit 4500 m3/an/hectare

L’eau de pluie commence par s’infiltrer dans le sol à travers des roches semi-dures et alimente des réserves d’eau, appelées aquifères : ce sont les eaux souterraines. Lorsque les aquifères sont saturés, le surplus d’eau transite rapidement par le sous-sol avant de ruisseler jusqu’à la rivière : c’est l’eau de surface. Ce phénomène est préoccupant du point de vue des pollutions qui terminent très vite dans la rivière. L’eau des aquifères, quant à elle, continue de s’infiltrer dans le sous-sol pour rejaillir sous la rivière. Il n’y a donc pas 2 ressources dissociables (eaux de surfaces et eaux souterraines) mais une seule et même ressource. Ce qui les différencie, c’est la vitesse d’écoulement : rapide pour les eaux de ruissellement, plus ou moins lente pour les eaux d’infiltration. Les écoulements lents représentent 56% du total. Les eaux qui ont transité par le sous-sol (surfaces ou souterraines) représentent 90% des eaux allant à la rivière. S’y retrouvent alors des eaux de surfaces, très polluées (nitrates, pesticides,..) et des eaux souterraines dénitratées.

La dénitrification s’opère grâce au pouvoir filtrant de la pyrite. Le processus des réactions chimiques aboutit, en fin de chaîne, à une transformation de la pyrite en un autre minéral dépourvu, lui, de propriétés filtrantes. A terme, il y a un risque quant au pouvoir d’absorption des eaux par les sols, mettant en péril la constitution de réserves d’eaux.

Intervention de Mr Artur :

Loi de 1992 : tous les captages, existants et en exploitation, doivent être protégés. Cela ne concerne donc pas les captages abandonnés. La procédure peut être initiée par les communes, un syndicat de l’eau ou une communauté de communes. Elle fait l’objet un arrêté préfectoral d’utilité publique.

La loi prévoit trois périmètres :

  1. immédiat : aucune activité n’y est possible
  2. rapproché : activités interdites ou fortement réglementées
  3. éloigné (facultatif) : très peu de contraintes

Le Finistère fait l’objet d’un protocole départemental datant de juin 1993, complété par un avenant d’avril 2002. Il prévoit un périmètre A de protection immédiate (une trentaine d’hectares) et un périmètre B rapproché à l’intérieur duquel les activités sont réglementées. Pour exemple, l’usine à lisier de Lannilis, installation classée prévue dans le périmètre B du nouveau forage, serait tolérée.

  • La procédure pour mettre en place un captage est la suivante :
    Etudes techniques (hydrogéologue, occupation de l’espace, risque de pollution)
  • Avis de l’hydrogéologue agréé
  • Délibération de la collectivité dans le cadre de la déclaration d’utilité publique
  • Enquête administrative (avis Conseil Départemental d’Hygiène)
  • Arrêté préfectoral de déclaration d’utilité publique Mise en application du périmètre

La procédure complète prend entre 5 et 10 ans.

Tous les captages non abandonnés doivent être protégés à l’horizon 2005/2006. Le rythme actuel est de 35 à 40 par an. Jusqu’à présent, les communes ne pouvaient pas préempter les terres agricoles dans le cadre d’une protection de captage, sauf dans le cadre d’un arrêté préfectoral. Ce sera désormais possible grâce à une évolution du code de la santé publique.

Quelques éléments issus des questions/réponses ayant fait suite aux différentes interventions :

Les études hydrogéologiques commanditées par les communes sont souvent incomplètes, vu le peu de moyens financiers que ces dernières y consacrent. Il en résulte la mise en place de périmètres qui ne protègent pas toujours efficacement contre les pollutions. L’usine de Kernilis fait l’objet d’une tolérance européenne (et non pas dérogation), dans la mesure où elle traite une eau brute en dehors du seuil de tolérance en matière de nitrate (50mg/l). Cette tolérance n’est à priori pas limitée dans le temps. La réouverture d’un captage abandonné est à priori possible. La commune de Lannilis est particulièrement riche en ressources en eau.

 

A Lannilis,  Préserver l’eau, source de vie

le jeudi 22 janvier 2004 salle Yves Nicolas

Avec l’intervention de Lilian Le Goff (médecin), sur le thème suivant :

« Préserver l’eau, source de vie. Pollutions : état des lieux, solutions pour y remédier »

Accepter la fuite en avant dans le traitement des problèmes de l’eau, c’est accepter le laisser faire et tenter ensuite de dépolluer plutôt que d’influer les pratiques pour produire mieux sans polluer, c’est accepter tous les risques sanitaires (d’ordre chimiques : nitrates, pesticides, antibiotiques … et d’ordre microbiologiques : risques infectieux pour les animaux et les populations, particulièrement les maladies émergentes) qui sont liés à ces pratiques malgré toutes les mises en gardes de scientifiques et d’organismes officiels de veille sanitaire, c’est accepter une gabegie des deniers publics avec des procédés de dépollution qui eux-mêmes peuvent être des facteurs de risques ( !), c’est accepter l’application d’une programmation du productivisme agricole qui a planifié la réduction du nombre d’agriculteurs.

Préserver et recouvrer une eau de qualité, c’est surtout promouvoir – et encourager tous les jours par un comportement de consommateur qui donne du sens à ses achats – un autre type de production agricole conforme au développement durable, conciliant l’économie, l’environnement et le social.

De plus en plus de régions européennes prouvent que cela est possible avec des résultats remarquables : des preuves seront apportées lors de sa conférence par le Dr Lylian LE GOFF.

« Présentation de l’Auteur / du Conférencier » :

Médecin, Lylian Le Goff est impliqué depuis de nombreuses années dans la préservation de l’environnement et la prévention sanitaire, tout particulièrement concernant les relations entre l’environnement et la santé et l’importance d’une alimentation de qualité à la portée de tous.

  • Préservation de l’environnement et prévention sanitaire : membre du jury de la Conférence Régionale de Santé de Bretagne, responsable de la mission Biotechnologies de France Nature Environnement, vice-Président du réseau « Cohérence » chargé du dossier Environnement – Santé – Alimentation (réseau associatif du grand-ouest de la France dont la vocation est la promotion du développement durable), membre de Bretagne vivante et de Eau et Rivières de Bretagne.
  • Consultant, pour une alimentation saine et équilibrée, le développement des produits de l’agriculture biologique en restaurations collectives, le développement de filières de qualité dans le cadre de l’aménagement du territoire : initiateur des menus intégralement bio servis, régulièrement, depuis 1998, au restaurant universitaire de Lorient, puis au sein de diverses structures ; cofondateur de la coopérative de consommateurs de produits biologiques de Lorient ; a contribué à la création de la filière viande bio « Bretagne Viande Bio – BVB ».
  • Conférencier : les thèmes fréquemment développés sont les relations entre Santé, Environnement et Alimentation ; le dossier agricole et l’alternative agrobiologique ; le dossier des organismes génétiquement manipulés.
  • Auteur : de « Nourrir la Vie », 733 pages, traité encyclopédique de l’équilibre et de l’hygiène alimentaires (épuisé, en réédition) ; ainsi que de « Manger Bio », 128 pages, (Flammarion, collection Dominos), qui traite de toutes les bonnes raisons (environnementales, sanitaires et socio-économiques) de manger bio.

 

Les nitrates et la santé en question (2 décembre 2003)

Bien qu’il ne soit pas formellement prouvé que les nitrates ont une quelconque action sur la santé de l’homme on peut légitimement se poser la question.

Les nitrates, un pisteur :

Une chose est sûre et reconnue, c’est que le taux nitrate dans l’eau brute du sous-sol peut être considéré comme un pisteur d’autres composants nocifs. C’est à dire que l’augmentation du taux de nitrates signifie d’une manière probable l’augmentation du taux de pesticides et autre composés dangereux.

Cancer de l’œsophage :

A Brest, on opère aujourd’hui 100 patients atteints d’un cancer de l’œsophage chaque année contre 15 à Toulouse. D’après le professeur Patrick Lozac’h du CHU de Brest « Ce type de cancers est également favorisé par d’autres facteurs comme le tabac et l’alcool… Mais il est également clair que de nombreux éléments en rapport avec l’alimentation, dont les nitrates favorisent l’apparition de ces tumeurs ».

L’exemple de Shangaï :

« Il y a trente ans, le cancer de l’œsophage était très fréquent chez l’homme et les animaux domestiques de la province de Shangaï. Or ils faisaient aussi une utilisation faramineuse d’engrais azotés, qui avaient contaminé les sols. Du coup, une campagne visant à diminuer l’usage de ces engrais a été menée. Et d’une incidence de 70 nouveaux cas de cancers par an pour 100 000 habitants ils sont revenus à des taux normaux ».

Alors nitrates nocifs pour la santé ? C’est à voir. Il n’en reste pas moins qu’une étude épidémiologique sérieuse devrait être menée en France, comme celle qui avait été commencée il y a trois ans par un professeur brestois et qui s’est subitement interrompue.

 

Opération Nénuphar en septembre 2003

Factures d’eau, cent fois sur le métier nous remettrons notre ouvrage.

Une trentaine de familles participant à l’opération « Nénuphar » de la commune de Lannilis et alentours ont réaffirmées leur engagement en remettant collectivement au Trésor Public leur chèque de paiement de la facture d’eau, amputé comme l’année précédente, d’une retenue symbolique de 1 Euro, 15 Euros, 20 Euros.

2 Juin 1993, protocole d’accord et 10 ans après ?

Le 2 Juin 1993 le Préfet du Finistère, le Président de la Chambre d’agriculture, le Président de l’association des maires du Finistère, et le Directeur de l’Agence de l’eau Loire Bretagne ont signé un protocole départemental pour la mise en place de périmètres de protection autour des captages du Finistère. Force est de constater que, 10 ans plus tard, cet engagement est resté lettre morte, dans de trop nombreuses communes, dont celle de Lannilis.

Nous nous battons et continuerons à nous battre pour qu’enfin les responsables et élus locaux engagent une véritable protection de la ressource en eau.

Rejoignez nous, vous aussi pour que vos enfants puissent continuer à vivre sur notre terre.

Participez à l’opération Nénuphar ! ! !